Hypnose et douleur chez l'enfant


Hypnoanalgésie : l’hypnose pour soulager les douleurs chez les enfants

Publié le 03 Mars 2016 par Rédaction E-sante.fr
 
L’hypnoanalgésie (terme qui associe les notions d’hypnose et d’analgésie) est de plus en plus pratiquée pour réduire les douleurs inhérentes à certains traitements. Cette technique se révèle très utile dans le cadre des soins pédiatriques, pour aider les enfants à supporter et accepter certains actes thérapeutiques douloureux. Le point avec Bénédicte Lombart*, spécialiste de l’hypnoanalgésie pédiatrique.
 
 

Existe-t-il une différence entre l’hypnose de spectacle et l’hypnose pour les soins ?

L’hypnose en médecine est une technique psychocorporelle utilisée dans le cadre déontologique d’une relation entre soignant et soigné, ce qui engage le professionnel de santé dans une notion de bienveillance.

Le médecin ou professionnel de santé a des devoirs envers la personne et ses propositions visent toujours le mieux-être du patient. C’est donc bien différent de l’hypnose de spectacle, dont l’intention n’est pas orientée vers la personne qui est hypnotisée.

Quel est le principe de l’hypnoanalgésie ?

On peut dire que l’hypnoanalgésie est une manière d’utiliser l’hypnose pour réduire les douleurs.

De manière générale, l’hypnoanalgésie vise à permettre à la personne d’utiliser ses propres ressources pour mettre à distance les sensations de douleur, les réduire, les modifier et s’en protéger, afin de transformer le vécu de la situation douloureuse.

Rappelons que l’état d’hypnose est un état naturel, une forme de rêverie, à laquelle chacun accède sans forcément s’en apercevoir. C’est le cas par exemple d’un trajet en voiture : « lorsque l’on arrive à destination, on ne s’est pas aperçue du chemin, de la route ou de la distance parcourue », indique Bénédicte Lombart. Dans le métro également, « on laisse son esprit vagabonder. C’est un état de l’esprit qui peut apparaitre spontanément. Mais lorsque l’on est confronté à une situation douloureuse, il devient difficile de convoquer cet état de rêverie. C’est justement au moment où l’on s’assoit sur le fauteuil du dentiste, moment où il faudra envoyer sa tête en vacances, que l’on n’y parvient pas »

 

Le professionnel de santé formé à l’hypnoanalgésie est là pour permettre à la personne de s’installer dans cet état. Il aide le patient à instaurer des pensées agréables, à se focaliser sur des souvenirs, des sensations différentes, à s’évader du présent et du concret. La personne se retrouve légèrement dissociée de ce qui se passe, des sensations et des perceptions désagréables. En diminuant ainsi l’anxiété, on réduit considérablement la perception de la douleur.

L’hypno analgésie pour les soins chez l’enfant correspond à deux éléments : la force de son imaginaire et sa vulnérabilité.

Via son imaginaire débordant, l’enfant a une capacité de rêverie naturelle très importante. Mais il est exposé plus qu’un adulte à la détresse des soins : « il a du mal à rationaliser ce qui lui arrive ».

Cette conjoncture fait de l’hypnoanalgésie un outil particulièrement intéressant en pédiatrie. Elle permet à l’enfant de trouver des ressources dans des situations qui lui font peur et qui lui font mal en s’appuyant sur ce qu’il a de plus précieux, son imaginaire et sa capacité à s’évader.

Comment met-on l’hypnoanalgésie en pratique ?

Bénédicte Lombart : « L’un des grands principes de l’hypnoanalgésie est la dissociation, ce qui revient à envoyer sa tête en vacances. On obtient cette dissociation par les suggestions : on propose à l’enfant de s’évader dans son monde imaginaire ». On lui suggère un ensemble de sensations en utilisant les cinq sens (vue, odorat, touché, ouïe, goût) et un langage métaphorique : « on s’installe confortablement sur un nuage moelleux comme une barbe à papa au parfum délicieux ». Ce langage métaphorique n’étant accessible qu’à partir d’un certain âge et donc d’un certain niveau cognitif, avant 4 ans, on parle plutôt de distraction de l’enfant avec des jeux, des chansons, des comptines, des tablettes numériques. Autrement dit, il est difficile à proprement parler de faire de l’hypnoanalgésie avec un très jeune enfant.

En revanche, quel que soit l’âge, « on s’appuie sur des éléments hypnotiques. Ce sont presque toujours des éléments en rapport avec le bercement : le bercement dans les bras, avec la voix (chants, comptines), avec le regard en l’invitant par exemple à s’imaginer regardant des bulles de savon qui flottent dans l’air ».

Lorsque l’on propose à l’enfant de s’évader dans son monde imaginaire ». On lui suggère un ensemble de sensations en utilisant les cinq sens (vue, odorat, touché, ouïe, goût) et un langage métaphorique : « on s’installe confortablement sur un nuage moelleux comme une barbe à papa au parfum délicieux ». Ce langage métaphorique n’étant accessible qu’à partir d’un certain âge et donc d’un certain niveau cognitif, avant 4 ans, on parle plutôt de distraction de l’enfant avec des jeux, des chansons, des comptines, des tablettes numériques. Autrement dit, il est difficile à proprement parler de faire de l’hypnoanalgésie avec un très jeune enfant.

En revanche, quel que soit l’âge, « on s’appuie sur des éléments hypnotiques. Ce sont presque toujours des éléments en rapport avec le bercement : le bercement dans les bras, avec la voix (chants, comptines), avec le regard en l’invitant par exemple à s’imaginer regardant des bulles de savon qui flottent dans l’air ».

Lorsque l’on propose l’hypnoanalgésie à un enfant, on cherche donc à le dissocier et on s’appuie sur un langage métaphorique pour transformer ses sensations. « Par exemple, si l’on doit décoller un pansement pour nettoyer une plaie, on suggère que ce n’est pas l’infirmière qui intervient, mais un petit chien très gentil qui vient s’amuser avec l’enfant en lui léchant la peau. On utilise l’imaginaire pour transformer les sensations et les réintégrer sous un format plus rassurant, plus ludique et plus agréable. On déconnecte les sensations des aspects anxiogènes et désagréables. On peut aussi suggérer à l’enfant d’enfiler un gant magique avant de faire une piqûre. On accompagne cette idée par le geste en expliquant à quel point ce gant va le protéger, endormir le lieu de la piqûre et l’anesthésier ».

Pour quel type de soins a-t-on recours à l’hypnoanalgésie ?

L’hypnoanalgésie peut être employée pour tout type de soins, y compris lors d’une intervention chirurgicale. Elle est alors pratiquée par un anesthésiste ou une infirmière anesthésiste et demande une compétence à la fois en hypnoanalgésie et en anesthésie. A noter que cet accompagnement hypnotique réclame toujours au minimum une anesthésie locale.

De quelles preuves d’efficacité dispose-t-on ?

De plus en plus d’études montrent l’efficacité de l’hypnoanalgésie. Il existe notamment un rapport de l’Inserm publié en décembre 2015, mais qui n’a pas retenu les données pédiatriques en raison d’exigences méthodologiques. En effet, les études sur les enfants sont toujours de petite envergure (des petits groupes de patients). Cela dit, ce rapport statue sur l’efficacité de l’hypnoanalgésie pour accompagner certains soins douloureux chez l’adulte.

Comment accéder à des soins sous hypnoanalgésie ?

De plus en plus de professionnels de santé sont formés à l’hypnoanalgésie. Ils disposent au moins une formation courte leur permettant de proposer un accompagnement en l’hypnoanalgésie pendant les soins. Pour en bénéficier, il faut tout simplement se renseigner sur son lieu d’hospitalisation pour savoir si les professionnels sont ou non formés. C’est donc tout simplement un critère de choix d’hospitalisation.

* Bénédicte Lombart est infirmière, cadre de santé, spécialisée en analgésie pédiatrique. Elle est membre de l’association Pédiadol, formatrice en hypnoanalgésie au sein de l’association SPARADRAP et Docteur en philosophie pratique et éthique hospitalière. Engagée depuis plus de 20 ans dans la prise en charge de la douleur de l’enfant, elle est l’auteur d’un manuel, fruit de sa grande expérience en hypnoanalgésie pédiatrique (réalisé en collaboration avec Céline Guiot et Nadège Maunoury, puéricultrices spécialisées en analgésie pédiatrique) : « Manuel pratique d’hypnoanalgésie pour les soins pédiatriques », édité par l'association SPARADRAP.

 
 

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